A l'ombre des dictatures
Après des décennies de gouvernement autoritaire, les pays d'Amérique latine ont progressivement rejoint le camp démocratique depuis les années 1980. Mais ces démocraties restaurées ne sont pas des régimes représentatifs comme les autres : elles sont les héritières des dictatures, quand elles n'en sont pas les prisonnières. Du coup, tantôt le pouvoir élu est tenté de s'affranchir des règles strictes de la démocratie libérale, le principe de majorité ouvrant la voie à la tentation plébiscitaire ; tantôt l'extrême inégalité des conditions, les défaillances de la puissance publique et la fragilité des institutions incitent certaines fractions de la population à souhaiter le retour à la solution autoritaire.D'un autre côté, si les régimes représentatifs sont objet de doutes, la demande de citoyenneté est toujours plus forte et témoigne de la consolidation de la démocratie. Cette ambivalence n'est pas propre à l'autre Amérique. Mais l'enjeu de la stabilité là-bas est avivé par une tradition représentative vieille de deux siècles , par la proximité du grand voisin du Nord et par l'attention permanente que porte l'Europe à son extension d'Extrême-Occident.