Henri V, comte de Chambord, ou le « Fier Suicide » de la royauté
Henri V est le dernier représentant de la branche aînée des Bourbons. Son père meurt en février 1820 et sa naissance, sept mois plus tard est saluée comme celle de « l'enfant du miracle ». Il reçoit le plus extraordinaire des cadeaux de naissance : le château de Chambord, acquis par souscription nationale. Cependant, à dix ans, il prend le chemin de l'exil : Charles X et son fils aîné, le duc d'Angoulême, avaient vainement abdiqué en sa faveur et Louis-Philippe d'Orléans devenait roi des Français.
Cet exil dura plus d'un demi-siècle : il ne fut interrompu que par deux courts séjours dans cette France où il ne voulait revenir qu'en roi. Aucune majorité monarchiste à la Chambre ne put réussir une restauration légitimiste que le comte de Chambord - il avait pris ce nom dans l'exil - plaçait délibérément sous le signe du drapeau blanc. On ne cessa, dès lors, de lui reprocher un échec qui, selon lui, sauvegardait le principe de la légitimité.
Auteur de nombreuses lettres politiques et de grands manifestes, il continua de régner par correspondance de Frohsdorf, où il mourut en 1883. Cette continuelle absence de la scène politique française, le modèle idéal de la royauté chrétienne qu'il défendait, l'appui constant de quelques grandes figures de son siècle - dont Chateaubriand - le destinaient à entrer dans la légende de la double majesté du malheur et de la vertu.
Ancienne élève de l'E.N.S. de Fontenay-aux Roses, agrégée de lettres modernes, Christine de Buzon est professeur à l'Ecole normale de Blois et collabore au Service éducatif du château de Chambord.