La Du Barry
Parmi les étonnantes destinées du XVIIIe, celle de Mme du Barry, par les légendes dont elle fut enveloppée, vient au premier rang. Ces légendes, souvent calomnieuses, ont dénaturé la personnalité contrastée d'une femme qui, en dépit de ses défauts, valait mieux que sa mauvaise réputation ; elle fut plus assoiffée de plaisir que de puissance et, au plus haut de sa fortune, elle conserva des sentiments humains, restant bienveillante et bonne là où tant d'autres auraient abusé d'une situation exceptionnelle.
Partie de très bas, elle fut cinq années l'égale d'une reine; après une chute brutale causée par le duc de Choiseul, elle se montra capable de rebâtir sa vie et suscita de profondes amitiés. Sa fin tragique attira de nouveau l'attention mais créa pour la postérité une nouvelle image, à peine plus exacte que les précédentes.
Il n'est pas étonnant qu'une pareille existence ait séduit un historien comme le duc de Castries, l'un des meilleurs connaisseurs du XVIIIe siècle. Son portrait de Mme du Barry est aussi précis que vivant et prouve que l'histoire l'emporte toujours sur le roman le mieux imaginé.