La Maison des dames
La narratrice, Suzanne Landon, retraitée de la SNCF, vit désormais dans une maison pour le « troisième âge », isolée au milieu des champs. Elle qui n'a plus de contact avec sa famille, et aucune visite, elle se confie à la page blanche. Elle témoigne de sa propre existence et de celle de ses compagnes, une existence sans soucis matériels, sans but, sans amour. Qui se résume en promenades dans le jardin et dans le village, en courses, en menus incidents, en conversations superficielles, disputes, jalousies...
Mais Suzanne Landon, qui est de nature indépendante et qui a gardé le gout de vivre, conserve entière sa personnalité dans ce milieu aliénant. Et c'est avec lucidité qu'elle assiste à la déshumanisation et au déclin progressifs d'une vieillesse coupée du monde. Son regard sur la vie quotidienne de ses soeurs d'exil, et sur elle-même, ne manque ni de tendresse ni d'humour. Et finalement il appelle chacun de nous à prendre conscience de sa propre condition.
C'est un récit d'une sincérité poignante, d'une pathétique vérité, que nous donne Simone Boisot avec La Maison de dames. Mieux que toute étude sociologique, que tout reportage, elle nous introduit avec une insistance impitoyable parce que ferme et douce dans cet univers de la résignation. Pas un cri de rage ni de haine, pas de revendication ni même d'amertume, mais une confidence méthodique, faite à mi-voix par une âme qui tente de ne pas mourir en écrivant sur la mort, et qui se révèle soudain admirablement pleine d'une vie souterraine.