Le Lion de Florence
Pourquoi Itard, le fondateur de la psychiatrie de l'enfant, a-t-il accroché dans sa salle à manger le Lion de Florence, fauve dévorant un nourrisson sous les cris de sa mère ? Pourquoi Pinel, le médecin des « folles » à la Salpêtrière, a-t-il choisi pour la sienne une gravure représentant un jeune homme anorexique par amour, La Maladie d'Antiochus ? Quelle folie infiltre la raison des deux pionniers de la psychiatrie ? La découverte des tableaux dont Pinel et Itard avaient décoré leurs appartements donne accès à leur imaginaire. Sur la scène de leur théâtre intime, les fantasmes sexuels se conjuguent avec les convictions messianiques, les meurtres et les suicides s'entremêlent aux séductions
taboues, et les héros immortalisent l'excès de leurs exploits et le comble de leurs malheurs. Les folies sanguinaires de la Terreur, dont Pinel et Itard avaient été les témoins, les avaient convaincus de l'intrication naturelle de la raison et de la folie dans toute vie psychique. Entre rêve et cauchemar, leur compréhension de la folie se présente ainsi comme une interrogation sans fin sur l'archéologie de la raison et la construction du délire. Questionner l'imaginaire de ceux qui essaient de penser l'imaginaire des « fous », c'est se défaire des folies de la raison et s'approcher des raisons de la folie.
taboues, et les héros immortalisent l'excès de leurs exploits et le comble de leurs malheurs. Les folies sanguinaires de la Terreur, dont Pinel et Itard avaient été les témoins, les avaient convaincus de l'intrication naturelle de la raison et de la folie dans toute vie psychique. Entre rêve et cauchemar, leur compréhension de la folie se présente ainsi comme une interrogation sans fin sur l'archéologie de la raison et la construction du délire. Questionner l'imaginaire de ceux qui essaient de penser l'imaginaire des « fous », c'est se défaire des folies de la raison et s'approcher des raisons de la folie.