Le Rôle social de l'historien
À la demande de la société, mais aussi de son propre aveu, le rôle du médecin a changé : il ne se contente plus de soigner, il décide du droit de vivre ou non et contribue à l'équilibre budgétaire de la nation. Ce livre part de l'hypothèse qu'un changement de rôle analogue touche les historiens qui des salles de cours sont entrés dans les prétoires, en qualité d'experts ou de témoins. Traditionnelle-ment garants du passé, ils se reconnaissent maintenant des droits dans l'élaboration de l'avenir et participent au processus judiciaire.
Olivier Dumoulin s'interroge sur la manière dont l'ensemble de la profession justifie cette mutation et ses symptômes actuels : témoignages lors de procès suscités par l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, expertises effectuées à la demande de l'État, de particuliers ou d'entreprises, etc. Prenant pour point de départ la France et l'Amérique contemporaines, il retrace l'évolution du métier d'historien depuis la fin du XIXe siècle. L'affaire Dreyfus, la Conférence de la paix en 1919, les rapports des historiens avec le militantisme démontrent que ces pratiques ne sont pas nouvelles ; la rupture se situerait davantage dans le regard que l'on porte sur elles.
Au terme de ce voyage se dégage l'image d'un historien au rôle changeant, peut-être en gestation : avant-hier conseiller du prince, écrivain ou érudit, hier professeur ou savant, il hésite aujourd'hui entre les chemins de la mémoire et ceux de l'expertise.
Olivier Dumoulin s'interroge sur la manière dont l'ensemble de la profession justifie cette mutation et ses symptômes actuels : témoignages lors de procès suscités par l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, expertises effectuées à la demande de l'État, de particuliers ou d'entreprises, etc. Prenant pour point de départ la France et l'Amérique contemporaines, il retrace l'évolution du métier d'historien depuis la fin du XIXe siècle. L'affaire Dreyfus, la Conférence de la paix en 1919, les rapports des historiens avec le militantisme démontrent que ces pratiques ne sont pas nouvelles ; la rupture se situerait davantage dans le regard que l'on porte sur elles.
Au terme de ce voyage se dégage l'image d'un historien au rôle changeant, peut-être en gestation : avant-hier conseiller du prince, écrivain ou érudit, hier professeur ou savant, il hésite aujourd'hui entre les chemins de la mémoire et ceux de l'expertise.