Née quelque part
«J’ai l’impression d’être sur le point de commettre un acte sacrilège en allant fouiller dans les affaires intimes de mes parents. Quand je l’abreuvais de questions auxquelles il ne voulait pas me répondre, mon père avait cette réponse frustrante : « Cela ne te regarde pas ». C’est précisément ce que je m’apprête à faire. Regarder dans son passé.»
Michèle Halberstadt tire les fils de sa lignée, remonte les générations, croise l’itinéraire de sa famille paternelle, dont elle ne sait rien, avec celui de Max Halberstadt, gendre de Freud devenu son photographe officiel. De Vienne à Hambourg en passant par Wegrow d’où son père, Juif polonais, est originaire, traquant les indices jusqu’à Johannesburg, où Max a émigré pour fuir le nazisme, l’autrice mène l’enquête, fait d’étonnantes rencontres, fouille les archives pour reconstituer une histoire qu’on ne lui a pas transmise. Sous sa plume attentive, on découvre le pape de la psychanalyse en émouvant patriarche ; sa fille Sophie, Max et leurs deux enfants que la vie n’a pas épargnés. Son père surtout, pour qui « seul le présent importait », se révèle enfin à elle.
A travers ces destins poignants ballottés par l’Histoire, Michèle Halberstadt fait superbement revivre les fantômes de sa mémoire familiale.