Poèmes : Diadumène, Les Suppliantes
A LA FRANCE
I.
Oublierais-je ton nom, France, France immortelle,
Dans des vers consacrés aux meilleurs de tes fils ?
Me supposerais-tu d'une injustice telle
Que je puisse à ta gloire infliger ce défi ?
Sous le bonnet de pourpre et la toque royale,
C'est ton regard toujours qui brille et qui m'émeut...
Où donc avez-vous pris, ô ma chère Vestale,
Le feu de ce regard inaltérable et bleu !
Je ne sais s'il me faut te chérir davantage
Dans tes égarements, au milieu du bonheur ?
Est-ce à la vierge folle, est-ce à la vierge sage
Que je dois réserver mes couronnes de fleurs ?
À l'une et l'autre, France, ô maîtresse, ô patrie !
Je n'imagine pas un éloge plus fier
Que d'avoir su baiser, triomphante ou meurtrie,
Ta face sans orgueil de grand archange clair.