Respect
À quelles conditions le respect, à commencer par le respect de soi, peut-il subsister dans une société fondée sur l'égalité des chances mais où les inégalités s'accroissent ?
Tout en multipliant les exemples empruntés à l'urbanisme ou à l'univers du travail, Richard Sennett cerne trois facteurs qui sapent le respect : l'inégalité des talents, la dépendance des adultes et les formes dégradantes de compassion. Face au constat d'échec de la politique de l'État providence, Richard Sennett réintroduit une notion que l'on croyait obsolète : le respect mutuel. Pour y parvenir, la contrainte est triple. Il faut encourager le respect de soi par-delà les inégalités sociales en réintroduisant dans le travail salarié les qualités propres au travail artisanal ; imaginer une culture de la réussite où la haute idée que l'on a de soi-même n'aurait pas pour contrepartie obligée le mépris des subordonnés ; et renoncer à la politique sociale du « protocole compassionnel » afin de forger de véritables liens, qui ne soient ni d'assistance ni de dépendance, mais de réciprocité. La « méritocratie humaniste » que Richard Sennet prône fera grincer des dents parce qu'il accepte les inégalités tout en estimant que seul un désir d'égalité peut rendre celles-ci non seulement supportables mais utiles : l'inégalité sans désir d'égalité est génératrice de sentiment de dépendance et de honte ; accompagnée d'un désir d'égalité, elle engendre le respect partagé.
Tout en multipliant les exemples empruntés à l'urbanisme ou à l'univers du travail, Richard Sennett cerne trois facteurs qui sapent le respect : l'inégalité des talents, la dépendance des adultes et les formes dégradantes de compassion. Face au constat d'échec de la politique de l'État providence, Richard Sennett réintroduit une notion que l'on croyait obsolète : le respect mutuel. Pour y parvenir, la contrainte est triple. Il faut encourager le respect de soi par-delà les inégalités sociales en réintroduisant dans le travail salarié les qualités propres au travail artisanal ; imaginer une culture de la réussite où la haute idée que l'on a de soi-même n'aurait pas pour contrepartie obligée le mépris des subordonnés ; et renoncer à la politique sociale du « protocole compassionnel » afin de forger de véritables liens, qui ne soient ni d'assistance ni de dépendance, mais de réciprocité. La « méritocratie humaniste » que Richard Sennet prône fera grincer des dents parce qu'il accepte les inégalités tout en estimant que seul un désir d'égalité peut rendre celles-ci non seulement supportables mais utiles : l'inégalité sans désir d'égalité est génératrice de sentiment de dépendance et de honte ; accompagnée d'un désir d'égalité, elle engendre le respect partagé.