Vacances forcées
Roland Dorgelès, l'auteur des Croix de bois, du Cabaret de la Belle Femme et d'autres grands livres, vécut ces Vacances forcées entre le mois de juin 1940 et l'automne 1944, on devine dans quelles circonstances.
Comme beaucoup de Parisiens à l'heure de la défaite, il était parti au dernier moment, sans savoir où aller, et il dut errer de ville en ville, campant ici, louant ailleurs. « Si je meurs, avait-il dit à sa femme, tu feras graver sur ma tombe : Il n'est pas mort content. »
Le récit qu'il nous donne de ces années-là est passionnant et plein de vie. Dorgelès pose sur les gens et sur les circonstances un regard lucide et sans complaisance. Et pourtant, il ne peut se départir tout à fait de sa chaleur et de sa tendresse naturelles.
Qu'il s'agisse de raconter les terribles soubresauts qui précédèrent la Libération ou les jours enchantés qu'il vécut avec Raoul Dufy dans un village perdu de Haute-Garonne, Dorgelès a le sens du concret, et ce ton simple et inimitable qui est la marque de son style.