Le Corbusier, un fascisme français
En ces temps-là, dans les années 1920 et 1930, certains étaient attirés par le fascisme, et Le Corbusier était de ceux-là. Les fascistes voulaient construire un monde régénéré, viril, machiniste, hiérarchisé et autoritaire. L’architecte, lui, imaginait des villes ultramodernes, au garde-à-vous, standardisées, taylorisées. Des fourmilières à l’esthétique austère et hautaine au service d’une nouvelle civilisation du travail. Ils étaient faits pour s’entendre. Le Corbusier a publié ses théories dans des revues violemment opposées à la démocratie, s’est lié avec les idéologues les plus douteux, a approuvé des textes abjects et en a écrit quelques-uns. Il a soutenu le régime pétainiste avant de terminer son parcours, couvert de gloire, dans la France de l’après-guerre, sans jamais être inquiété.
Pourquoi ce personnage aux rêves totalitaires, au cynisme en béton armé, reste-t-il considéré comme le plus grand architecte du XXe siècle ? Comment la France, cet étrange pays, a-t-elle pu en faire un héros national ? Voilà ce que ce livre tente de comprendre. Car l’aventure de Le Corbusier est aussi l’histoire, effrayante mais bien réelle, d’un fascisme à la française.