La Ballade du dinosaure
« Moi, j’écris pour moi c’est-à-dire à vous, pour vous. Désespérément du fin fond de mes abîmes, du creux de mes aberrations, je vous raconte les détails, tous, sans discrimination – sinon, à quoi bon ?
Je ne peux faire que cela, me raconter, hier aujourd’hui, les émotions inventées, réelles, toutes vraies. Important, la vérité, même celle des mensonges…
Vous me rattraper, nous partons, repartons aux aventures, au chaos, là où ça bouge… En avant toute, voguent les douleurs ! Présent bourbeux, mille désespoirs, confusions, je t’emporte sous la plume. Pas de regret, c’est de ce qui m’arrive à la minute que je dois m’emparer ! Les vannes ont explosé, répandant quelque chose qui me broie, m’exhorte, libérant la volonté d’étreindre, de fixer, de dénoncer, de délirer, de dire, de hurler, de me jeter dans le sang des phrases comme un vampire affamé.
Mais si je vocifère, c’est pour que les autres entendent, je confesse avec porte-voix. Les personnages – Vonny, Sabine, Léo, Fred… –, les événements attachés à mon paletot, je les colle bien à plat, ils ont valeur d’exemples. Précieux !
Alors je retrousse les manches, mot à mot, sur la feuille. Je remonte à la source de toutes les sources. Je nettoie mon cerveau des scories malodorantes, des belles péroraisons. Je balance les sujets en or au tout-à-l’égout de la civilisation. J’essaie de transcrire l’émotion, la révolte, la joie. J’écris pour mon copain, le dinosaure, comme il ne sait pas lire, ça restera entre nous… »
R.M.