Les Eaux mêlées
Fuyant les pogroms qui, à la fin du XIXe siècle, ravagent sa Russie natale, Yankel Mykhanowitzki, un jeune casquettier juif, est venu chercher asile en France, terre de liberté et d’humanité. Il aime de tout son cœur cette nouvelle patrie, mais parviendra-t-il à « se greffer » sur son peuple ? Tenace et plein de bonne volonté, Yankel peu à peu se rapproche des Français… Toutefois, retenu en arrière par sa femme, Hannê, il s’arrête à mi-route. Autour de Yankel gravite une foule de personnages secondaires souvent fort pittoresques : son père le vieil Avrom, à la foi intransigeante, ses nombreux frères et sœurs, ses compatriotes aussi, fixés dans le vieux quartier du Marais…
Mais le drame de l’immigration ne concerne pas le seul immigrant. Virelay, ce petit village de l’Ile-de-France où Yankel est venu finir ses jours, trop confiné, dépérit. Tout en protestant contre l’invasion des « étrangers », les meilleurs de ses habitants aspirent à un sang neuf. Dans la seconde partie du roman, Jacqueline Saulnier, la fille de Baptiste le maraîcher, épousera Simon, le fils de Yankel. L’étranger se fondra dans le vieux peuple : Les Eaux mêlées…
Ce grand thème du brassage humain, nécessaire et vivifiant, est au cœur des Eaux mêlées. Car, s’il est vital pour un étranger de prendre racine dans sa nouvelle patrie, il est vital, pour un peuple, de savoir lui offrir son terreau. Ainsi, loin des outrances à la mode, Roger Ikor tente-t-il d’approfondir les problèmes réels qui se posent à la communauté des hommes.