Au large de l'Eden
Une histoire de marins-pêcheurs embauchés sur l’un des premiers cargos destinés à la pêche à la morue. Finis les bons voiliers qu’ils avaient jusqu’alors toujours connu, désormais, il faut réapprendre le métier sur ces bateaux où l’on n’a presque rien à faire. Mais si l’embarcation, si le lieu de pêche change, certaines choses restent immuables. Il faut toujours s’en remettre au capitaine du navire, remettre sa fortune entre ses mains, car c’est lui qui décide des lieux de pêche ; remettre sa vie entre ses mains, car c’est lui qui détient le sort de tous les hommes qu’il emmène, la responsabilité d’un père sur ses enfants.
Une accusation d’infidélité pour la femme du capitaine restée seule à terre pendant de si longs mois. La pire trahison pour un marin, blessé dans sa chair. Pourquoi donc ce sujet intéresse-t-il tant Roger Vercel puisqu’on le retrouvait déjà dans plusieurs romans ? Peut-être parce qu’il prend la victime au moment où cela va lui faire le plus mal, à un moment où elle ne peut se battre et à un moment où elle ne doit pas flancher, un moment où les pensées vont l’envahir, prendre le pas sur ses responsabilités. Mettre en balance la responsabilité de tout un équipage et le cœur d’un homme : une expérience qu’il répète sous tous les angles, de la victime ou du coupable, de l’homme ou de la femme, fin heureuse ou malheureuse, pour bien en comprendre les conséquences.
Mais bien sûr, le lecteur, comme les marins du bateau, se trouve pris en otage de la folie qui s’empare du capitaine, du bateau. L’angoisse qui le taraude, l’issue incertaine, contre laquelle il ne peut rien…